le top 10 des séries Marvel entre 1990 et 2000
10.
THOR (volume 3) de Dan Jurgens et John Romita Jr
Comme n'importe quel amateur de comics normalement constitué, j'ai soufflé de
soulagement après l'annonce du projet "Heroes Return", en 1997, qui
permettaient de rammener au bercail les anciennes gloires de la Maison aux
Idées après un passage sous les pinceaux des sinistres Liefeld et Lee pour
cette bouzasse innomable qu'était Heroes Rebeurgggglllaaaaaaaaaaahhhh.. désolé,
un remugle vient de poindre...
malgré tout je n'attendais pas grand-chose du relaunch (tardif par rapport à Iron
Man, les Avengers et les Fantastic Four) d'un des héros qui
m'intéressaient le moins. Or, en reprenant les rênes de la série , Dan
"Death of Superman" Jurgens livre un petit manuel sur comment pondre
une série Marvel : un alter égo au passé trouble et à la profession
contraignante (la superbe trouvaille de l'urgentiste Jake Olson), une
alternance ente l'ambiance new-yorkaise (avec un animateur radio
casse-couilles) et le fantastique à la Kirby (qu'est-il advenu d'Asgard ? qui
sont les autres dieux maléfiques ?) et des ennemis plus retors que jamais
(Magog, Loki, l'Homme Absorbant, Thanos et mon chouchou : le Destructeur).
Encore aujourd'hui une des séries les plus plaisantes que j'aime à relire.
9.
MARVELS de Kurt Busiek et Alex Ross
En 1994, dans les pages des magazines Marvel, il n'y avait rien. Du clone, des
Ghosts Riders, des Punishers, des conneries avec des mutants... rien. Et puis
la lumière fut... celle d'une Torche humaine qui embrasait une couverture : la
1e d'une mini série en quatre parties dans laquelle les auteurs se souvenaient
que, fut un temps, Marvel produisait des histoires... qui plus est de bonnes
histoires... qui plus est des histoires mythiques...
Bref Marvels devient bien vite la mini référence des vieux cons mais
déborde même de ce cadre pour devenir une étude intéressante de la perennité de
ces comics des années 40 à 70 (redessinés par un Alex Ross qui ne se prenait
pas encore pour Dieu ou ce qui se fait de mieux après) soutenu par un récit
humain d'un Kurt Busiek jamais aussi bon que lorsqu'il s'attache à dépeindre m.
Tout-le-monde.
Prise de conscience de ce vers quoi tendre, Marvels va être une des
premières marches vers la sortie des années golmons pour la Maison aux Idées de
Jack, Stan, Steve et bien d'autres.
8.
KA-ZAR de Mark Waid et Andy Kubert
Non, je vous assure, je suis pas complètement fou et je ne moque pas de vous.
Pendant que cet imbécile de Bob Harras sous-traitait ses personnages à des
gredins sus-cités, les auteurs maisons devaient faire avec ce qu'ils
pouvaient... En l'occurence, Waid éjecté de Captain America sur lequel
il accomplissait un boulot remarquable (mais n'alllez pas tout de suite
jusqu'au n°1, je vais pas vous ruiner la surprise) doit se rabattre sur le
sosie de Supermurgeman de la firme : ce bon vieux Lord Kevin Plunder,
seigneur de la Terre Sauvage, une "création originale" dont même
Warren Ellis aurait honte, et l'envoie dans une aventure barrée au cours de
laquelle il va devoir réapprendre la vie sauvage (il est obsédé en début de run
par la modernité alors que sa moitié, Shanna la diablesse, qui vient des States
ne veut plus en entendre parler), se friter avec son demi frère et ses ambitions
financières, affronter Thanos (en gros David contre Goliath et son tromblon
nucléaire) et devoir supporter le fait que sa femme devienne l'émanation
vivante de leur jungle.
Andy Kubert se lache en donnant vie aux récits barrés de Waid avec moults dinosaures,
mercenaires technoïdes et des scènes de combats vertigineuses aussi
ahurissantes que ses scènes intimistes (la révélation de l'identité du Maître
de l'Evolution (rien que pour ça : achetez leur dernier numéro).
7.
UNTOLD TALES OF SPIDER-MAN de Kurt Busiek, Pat Oliffe et plein de guests
Bon en 1995, tout va mal pour la Marvel et donc son titre phare empêtré dans
des histoires à la con qu'on va vous ressortir sous emballage de luxe histoire
de vous enfler une seconde fois... or, Busiek nous refait le coup de Marvels
En bon fan d'Astérix, Busiek a bien compris que des invariants sont
nécessaires à la bonne conduite d'un héros de fiction super sympa et chéri par
des lecteurs de tous âges. Comme on ne lui permet pas de faire mumuse avec le
patrimoine en place, Busiek situe sa série dans les premières années du Tisseur
et au lieu de faire sa feignasse comme certains que je ne nommerais Jeph Loeb
pas, décide de combler les trous entre les épisodes d'Amazing Spider-Man
de Lee et Ditko.
Miracle (man) ! tout en renouant avec le statu quo du passé, Busiek rend une
copie bien plus moderne que ses petits camarades : les interractions de Peter
avec ses camarades, l'humour est omniprésent dans son boulot de super-héros qui
galère et les aventures redeviennent palpitantes.
Depuis, Bendis a tenté de retrouver l'alchimie avec Ultimate Spider-Man
mais s'est embourbé les pieds dans la décompression, chose que les stand-alones
de Busiek évitait en sautillant dans tous les genres possibles et imaginables
(du polar au fantastique en passant par la sf)...
avec une série vendu 99 cents le numéro et qui va détonner dans les histoires
psycho-paranos de ses tâcherons de collègues.
6.
DAREDEVIL : LAST RITES de Dan Chichester et Lee Weeks
Un coup d'oeil à la biblio de Dan Chi(danslacolle)Chester donne envie de le
pendre avec les tripes de Len Kaminski avant de le savonner avec l'intégrale
des oeuvres de Howard Mackie. Certes...
Mais même les plus nuls d'entre nous réussissent parfois à force de
persévérance et en voulant en remontrer à ses petits camarades Miller et
Nocenti, Chichester aidé du formidable Lee "je veux être Mazzucchelli à la
place de Mazzucchelli" Weeks va donner une des plus belles sagas à
tête-à-cornes en 4 petits numéros savamment mijotés.
En gros, DD en a ras-le-bol du Gros Wilson Fisk, dit le Caïd et profite que ce
dernier soit dans la mouise, son empire étant menacé par les terroristes de
l'Hydra (les jouets favoris de Chichester) pour lui intenter un procès, lui
coller le SHIELD aux (imposantes) fesses et foutre en l'air ce qui reste de sa
santé mentale. En devenant aussi machiavélique que son ennemi, DD remporte une
victoire mais y laisse son âme. Sujet qui sera repris par Brian Michael Bendis
dans son imposant run qui entretient de nombreuses similitudes avec celui-ci.
De là à dire que l'un a louché sur l'autre il n'y a qu'un pas que vous
franchirez vous-même.
5.
CABLE de James Robinson, Joe Casey, Jose Ladronn et plein de tâcherons
pour les fill-ins
Ouais, moi aussi ça m'épate, mais preuve en est qu'un personnage nase peut
produire une série passionnante, par le biais de scénaristes de qualité (James
"Starman" Robinson et son poulain d'alors Joe Casey). Se concentrant
uniquement sur le côté action-man du futur, les deux compères aidés par le
croisement bizarre de Kirby et Moebius : José Ladronn ("un auteur qui a un
style bien à lui, donc " ricane
Mechagodzilla) l'emportent dans des atmosphères pulps avec complot de sociétés
secrètes, traque dans les endroits les plus bizarroïdes et le met face à son
propre paradoxe (un cyborg qui doit empêcher le futur comme dans un certain
Termina...) en finissant par le transfigurer et aboutir à en faire un Messie de
la Grosse pomme face à un ennemi indestructible.
Avant tout le monde, Casey avouait son amour pour les séries cosmiques mal
aimées du Kirby des 70s : Machine Man, Les Eternels et Captain
Victory pour aboutir au seul spin-off valables des séries X
(NDLord : hé ho même pas vrai il y a Excalibur aussi)
4.
ELEKTRA LIVES AGAIN / DAREDEVIL : MAN WITHOUT FEAR de Frank Miller, Lynn
Varley, John Romita Jr et Al Williamson
Oui, y en a deux mais on ne peut pas vraiment séparer les deux derniers
travaux de l'immense Frank Miller sur son personnage Marvel fétiche avec ce qui
est son plus bel album au point de vue graphique (même si le changement de
style -il a été conçu en deux périodes- peut déstabiliser au 1er abord) paru en
graphic novel chez Epic (et qui a été réalisé en majeure partie dans les 80s...
je triche mais je m'en fous) et sa rénovation des origines de "l'Homme
sans peur" qui accoucha, tel son Batman Year One, d'un film qui,
dix ans plus tard, sabota toutes ses meilleures idées à la moulinette des
yes-men studios décérébrés.
Romita Jr lui s'en donne à coeur joie pour transposer "son" New York
et faire voltiger Matt Murdock en tenue de ninja gaijin se savater la tronche
avec les hommes de main du Caïd ou séduire sa belle et tendre Elektra. Elektra
qu'il tentera de rammener à la vie, uniquement par sa volonté, voire son
obsession, dans Elektra live again, préfigurant les romances tragiques
qui parsèmeront les ruelles de Sin City.
3.
INHUMANS de Paul Jenkins et Jae Lee
" - Dis donc, qu'est-ce qui sent comme ça Joe ?
- Ah ça : laisse, Paul... C'est les Inhumains... tu sais : la famille Royale
d'Attilan, la cité cachée... des amis des Fantastic Four, qui sont dirigés par
un roi dont le simple murmure peut détruire une montagne et a fait voeu de
silence... tous leurs sujets sont tranformés en surhommes par un rite sacré en
s'immergant dans des brumes terragènes et leurs esclaves sont des clones à qui
on laisse toutes les basses manoeuvres.
- Quoi ? mais c'est un concept dément ! Imagine qu'on en fasse une parabole sur
l'interventionnisme, le fascisme et qu'on place tout ça dans une atmosphère
d'armageddon imminente avec un relookage total des héros... j'ai le numéro de
Jae Lee sous la main là... Pourquoi tu laisses ça en plan ?
- Ben c'est à dire, depuis que De Falco et Ryan ont saboté les FF, on ose plus trop toucher à leur gourbi... Tu penses que ça pourrait fonctionner pour notre ligne "Marvel Knights" en mini-série de 12 numéros ? On essaie de réhausser un peu le niveau de la compagnie en changeant un peu l'atmosphère de leurs comics, tu vois ?
- Ben ouais, ça serait fendard, faudra que je te parle d'un autre truc... je
viens de lire Miracleman de Moore et ça m'a donné des idées... et puis qui
sait... ça sera ptet un carton critique et je pourrais ptet finir par écrire Spider-man
et toi être PDG de la boite
*rires*
Bn allez, je te laisse, ça fuse là, faut que j'y aille Joe !"
Dix ans plus tard, Joe Quesada et Paul Jenkins ont vieilli.
2.
DAREDEVIL de Ann Nocenti, John Romita JR et Al Williamson
J'en ai tellement bavé pour trouver une image décente de ce run (qui finissait
en beauté en 1990 dans les épisodes 278 à 282) que j'ai du aller pêcher la VF
pour illustrer : c'est dire le peu d'écho
qu'il connait encore aujourd'hui excepté en France ou sa parution en Version
Intégrale Semic fut pendant un temps un succès.
Enfin bref, Nocenti est la seule scénariste à avoir égalé et surpassé dans ses meilleurs moments Frank Miller sur la série. Romita Jr est alors en pleine
métamorphose : il pense complètement la planche, l'ambiance, les personnages :
il relooke l'enfer et Méphisto, offre les plus belles pages au Silver Surfer
("le type le plus cosmique de l'univers") et magnifie un trip en
enfer que concocte Nocenti pour DD et ses amis (dont des "inhumains"
tiens donc... mais aussi une robot pin-up et une activiste écolo) en route à
travers les States post-Reagan mais toujours dans la Bush du Diable...
La confrontation est dantesque, DD devient un guide et un véritable humain en
abandonnant ce démon de pacotille face à son ennemi juré, l'ange en surf...
Après les précédentes descentes aux enfers de DD, Nocenti nous fait comprendre
que la remontée est toute aussi rude.
et enfin... devant vos yeux ébahis... ladiiiiiz and gentlemeeeeeeen
LA MEILLEURE SERIE MARVEL DES 90s
1.
UNCANNY X... Non je déconne
1.
STEVE ROGERS : CAPTAIN AMERICA de Mark Waid et Ron Garney
Avant de passer entre les pattes grasses de ce sagouin criminel de Rob Liefeld,
Captain America a connu pour le chant du cygne de sa 1e série un sursaut de
qualité prodigieux après des années passer en animation suspendue sous les bons
(les premières années) et mauvais (putain dix ans c'est long) soins du
scénariste/editor Mark Gruenwald... Tout droit sorti du carton de son Flash
chez DC Comics, Waid reprend un Cap mal en point puisque mort dès le premier
épisode (444) et le shootera avec ses scénars enlevés, ses intrigues à
rebondissements multiples et son partenariat réussi avec un Ron Garney pas
encore manchot (à mon avis, il a été traumatisé par son duo avec Byrne sur Hulk,
c'est pas possible autrement). Mixant Miller et Byrne, Garney offre un Captain
graphiquement impeccable en pleine symbiose avec la caractérisation de Waid :
fonceur, déterminé, iconique (les traits sont épurés). Le bon Captain est mis à
mal par son adversaire le plus retors, le Red Skull armé de son cube cosmique
et destabilisé par le retour de Sharon Carter qu'on croyait morte depuis des
années. mais il en faut plus pour empêcher Cap de casser du tryran et même
débarassé de sa citoyenneté et considéré comme un paria par le gouvernement
(l'arc "Man without a country" qui conclue ce 1er run) ne lui
empêchera pas d'aller remettre en place cette ordure de Fatalis.
De là à dire qu'Ed Brubaker, scénariste actuel de Cap (meilleure série Marvel
depuis que Bendis a lâché DD) a louché sur lWaid il n'y a qu'un pas que pouf
pouf...
Waid et Garney évincés comme des malpropres par ce goujat de Harras (des
paquerettes) reviendront pour les débuts du volume 3, mais l'entrain du début a
subi les effets de cette cassure : la première intrigue de la Capmania est parasitée
par une idée un peu stupide (Cap a perdu son bouclier... mouaif) même si
l'intrusion des Skrulls rappellent une autre idée qui point en ce moment dans
les séries Marvel... la suite avec son "American Nightmare" sera elle
tuée dans l'oeuf par un editor qui rappellera à un Waid abasourdi que
"Captain America n'a pas vocation à parler de l'Amérique... Spider-Man
c'est pas sur les araignées lol "...
Car oui, Marvel c'est aussi ça : des vendeurs de soupe à la vision à trrrrès
court-terme porté plus précisément sur les chiffres de vente de ce qui marche
ailleurs... Mais parfois... parfois, il leur arrive de se sortir les doigts du
cul et de nous pondre des séries qui valent le coup... la preuve.
Hutch